Aujourd’hui (enfin, plus tout-à-fait, j’ai tardé à blogger, mea culpa) c’est Yom hatzamaout chez les juifs, le temps d’une pensée pour les âmes perdues de la Shoah.
Je suis sans doute la seule dans tout le Liban à le savoir. A part peut-être, la direction du Hezbollah qui, j’imagine, en ces temps de tensions sub-régionales/intra-libanaises, se tient au courant des mœurs de l’ennemi. Et puis, entre grands croyants, on est toujours respectueux des commémorations des autres.
J’ai allumé une bougie dans mon appartement vide.
Quand je suis en Palestine. En général, y’a toujours un moment, où mes copains palestiniens me disent : « Le marsoume (mot Hébreu, passé en Palestinien pour désigner, l’Hajez arabe, soit le « check-point»qu’en bonne Française de Tunisie, je traduirais d’un très circonspect « barrage militaire israélien»), le marsoume donc est bloqué, fermé. On ne peut pas sortir. Quelle bande de connards. Y’a aucune raison : pas d’attentats, rien qui justifie, ces enculés. Ils veulent juste nous faire souffrir. » (« enculés planétaires », en Arabe, ça se dit « (ya) maniaks », le « ya » pour accentuer, mais l’insulte est vite aussi passée en Hébreu, comme beaucoup des insultes en Hébreu. )
Mes potes à qui je réponds, après un instant d’intenses hésitations tout de même, pas tout le calendrier religieux intergalactique dans la tronche : « C’est pas Pessah, Rosh Haschanah, Yom Kippour, Pourim, Soukotte… cette semaine, au fait ?» (Vous pouvez choisir, y’en a une toutes les semaines) Et, souvent ça coïncide, les Israéliens fermant les « Territoires », sans prévenir. Comme si, de l’occupation, on devait aussi apprendre les fêtes religieuses juives.
Ou alors quand je me promène dans les colonies, les colons juifs (pq'il y a aussi des colons arabes maintenant, crise sociale oblige) qui me disent « Les Arabes (ils ne disent jamais Palestiniens), c’est des fous, Tenez, hier, ils ont tiré en dansant sur les toits alors que nous fêtions les morts de l’attentat X. Quel être humain pourrait faire ça ? » Et à qui, toujours d’une infinie patience, bien qu’avec les colons, je la perde très vite ma patience, ainsi que, mais chut, ma déontologie de journaliste: « Oui, mais hier ; c’était le résultat du Bac. Donc si les Palestiniens tirent, c’est pour fêter la réussite de leurs enfants. Pas spécialement (et bien que, pendant la première guerre d’Irak, ce fut le cas) pour danser sur les Katioushas vous tombant sur la gueule. »
Voilà c’est la logique des choses…
Voyez, par exemple : je lis au petit matin que le représentant de l’Internationale socialiste auprès de Parti socialiste Français de surcroît, irano-quelque chose, s’est fait kidnapper cinq heures durant par des Hezbollah sur-armés alors qu’il prenait en photo une mosquée sur la route de l’aéroport en compagnie d’un ami.
Lors de la conférence de presse, l’individu fortement choqué, assurent les médias, se tient en compagnie du leader druze Walid Jumblatt (membres de la tendance au pouvoir du 14 mars) qui est parvenu à faciliter sa libération.
Voilà pour les faits
Mais si j’y applique ma parano levantine. Cela donne plutôt :
Un représentant de l’Internationale Socialiste… hum, il fut un temps, pas si lointain, où cela signifiait en mode tatouage indélébile : attention, petit espion assermenté.
Irano-quelque chose de surcroît ? Là, ça pue carrément, le marlou effiminé
En compagnie d’un ami (homo?) shootant des mosquées sans aucun intérêt esthétique (phantasme ?) sur la très laide route de l’aéroport (fief du Hezbollah) ?…. Hum...
Moi, tout de suite, j’imagine les deux z’espions-amoureux en décapotable Mercedes/BMW, couplet Carrera, à sillonner à toute bringue l’autoroute de l’aéroport, les lunettes de soleil sur le nez. Puis voyant une mosquée, même pas belle, alors que, quand même voyage professionnel super important, le barbouze se dit "Quelle est mignonne, cette mosquée, avec son minaret tout pointu." Puis s’adressant à son chéri (habibi) local : « Tu me prendrais pas devant ? Cela ne serait-il pas divin ? »
Crédible, non ?
Y’a aussi le problème Walid Jumblatt sur la photo de classe de remise des trophées. Que vient foutre notre Druze dans ce pataquès? Certes, l’homme et son clan maintiennent de très bonnes relations avec les Français. Surtout, il faut bien l’avouer, dès qu’il s’agit d’un coup tordu (dans le genre, sa récente dénonciation d'un réseau clandestin téléphonique, tenu par le Hezbollah, en est aussi un train beau coup tordu. Juste qu'il a pas mesurer l'impact: Jumblatt en train de faire basculer les quartiers de beyrouth, le Liban tout entier, en une guerre de tranchées). Alors le druze en sauveur ? Ou le druze en kidnappeur ?
Ça me rappelle d’ailleurs que mes dernières emmerdes sur les barrages israéliens c’est à un soldat druze que je les dois. Quand je vous dis qu'avec les druzes faut avoir une logique paranoïaque.
Alors, à défaut de n'y rien comprendre, j’écoute Dalida, (mal) chanter en Egyptien, au casque, depuis que des tirs de Kala ont raisonné, il y a une heure dans les alentours de mon quartier. Des tirs en l’air, rassurez-vous, sans doute lancés au ciel pour fêter quelque chose. Cela a fait « boum-touffe. »
C’est à cela qu’on reconnaît que c’est une Kala et que c’est en l’air (même si cela tue tout autant que les tirs horizontaux voire sans doute plus, les balles redescendant quand même sur terre, même quand pourtant on les destine à ce "maniak" de Dieu divin).
Quand j’écris « boum-touffe », c’est qu’il y a comme une petite détonation sourde derrière le tir, même en rafale. Un son léger, un écho, qui permet de se dire que, d’une part, il s’agit d’une Kala (le modèle, là, je sèche) et d’autre part que ce n’est rien. Juste une démonstration de muscles.
« Ces crétins (mais lesquels ?, je ne connais pas assez le Liban pour les reconnaître aux tirs mais je suppose que c’est un coup des « Iraniens », les Hariri devraient, eux, être équipés en M16 américains, dans la "logique des choses"…) fêtent sûrement quelque chose. »
Maîtrisant plus ou moins les fêtes religieuses, faudrait-il que je m’investisse dans les fêtes guerrières ou laïques. On est certes à la veille du 1er mai, mais en quoi la fête du travail doit-elle justifier des tirs ? J’ai beau avoir le siège des Communistes libanais en bas de mon immeuble, je les vois mal mes ahuris commémorer via un si joyeux artifice.
Aurais-je sinon louper quelque autre fête religieuse ? La commémoration d’un Shahid quelconque ? Mais non la fête des Shahids de la presse, c’est pour mardi. Et des journalistes, surtout morts, normalement, ça tire pas.
Une pensée pour Sami Kassir d’En-Nahar, dont j’aimais la pensée.
Je suis sans doute la seule dans tout le Liban à le savoir. A part peut-être, la direction du Hezbollah qui, j’imagine, en ces temps de tensions sub-régionales/intra-libanaises, se tient au courant des mœurs de l’ennemi. Et puis, entre grands croyants, on est toujours respectueux des commémorations des autres.
J’ai allumé une bougie dans mon appartement vide.
Quand je suis en Palestine. En général, y’a toujours un moment, où mes copains palestiniens me disent : « Le marsoume (mot Hébreu, passé en Palestinien pour désigner, l’Hajez arabe, soit le « check-point»qu’en bonne Française de Tunisie, je traduirais d’un très circonspect « barrage militaire israélien»), le marsoume donc est bloqué, fermé. On ne peut pas sortir. Quelle bande de connards. Y’a aucune raison : pas d’attentats, rien qui justifie, ces enculés. Ils veulent juste nous faire souffrir. » (« enculés planétaires », en Arabe, ça se dit « (ya) maniaks », le « ya » pour accentuer, mais l’insulte est vite aussi passée en Hébreu, comme beaucoup des insultes en Hébreu. )
Mes potes à qui je réponds, après un instant d’intenses hésitations tout de même, pas tout le calendrier religieux intergalactique dans la tronche : « C’est pas Pessah, Rosh Haschanah, Yom Kippour, Pourim, Soukotte… cette semaine, au fait ?» (Vous pouvez choisir, y’en a une toutes les semaines) Et, souvent ça coïncide, les Israéliens fermant les « Territoires », sans prévenir. Comme si, de l’occupation, on devait aussi apprendre les fêtes religieuses juives.
Ou alors quand je me promène dans les colonies, les colons juifs (pq'il y a aussi des colons arabes maintenant, crise sociale oblige) qui me disent « Les Arabes (ils ne disent jamais Palestiniens), c’est des fous, Tenez, hier, ils ont tiré en dansant sur les toits alors que nous fêtions les morts de l’attentat X. Quel être humain pourrait faire ça ? » Et à qui, toujours d’une infinie patience, bien qu’avec les colons, je la perde très vite ma patience, ainsi que, mais chut, ma déontologie de journaliste: « Oui, mais hier ; c’était le résultat du Bac. Donc si les Palestiniens tirent, c’est pour fêter la réussite de leurs enfants. Pas spécialement (et bien que, pendant la première guerre d’Irak, ce fut le cas) pour danser sur les Katioushas vous tombant sur la gueule. »
Voilà c’est la logique des choses…
Voyez, par exemple : je lis au petit matin que le représentant de l’Internationale socialiste auprès de Parti socialiste Français de surcroît, irano-quelque chose, s’est fait kidnapper cinq heures durant par des Hezbollah sur-armés alors qu’il prenait en photo une mosquée sur la route de l’aéroport en compagnie d’un ami.
Lors de la conférence de presse, l’individu fortement choqué, assurent les médias, se tient en compagnie du leader druze Walid Jumblatt (membres de la tendance au pouvoir du 14 mars) qui est parvenu à faciliter sa libération.
Voilà pour les faits
Mais si j’y applique ma parano levantine. Cela donne plutôt :
Un représentant de l’Internationale Socialiste… hum, il fut un temps, pas si lointain, où cela signifiait en mode tatouage indélébile : attention, petit espion assermenté.
Irano-quelque chose de surcroît ? Là, ça pue carrément, le marlou effiminé
En compagnie d’un ami (homo?) shootant des mosquées sans aucun intérêt esthétique (phantasme ?) sur la très laide route de l’aéroport (fief du Hezbollah) ?…. Hum...
Moi, tout de suite, j’imagine les deux z’espions-amoureux en décapotable Mercedes/BMW, couplet Carrera, à sillonner à toute bringue l’autoroute de l’aéroport, les lunettes de soleil sur le nez. Puis voyant une mosquée, même pas belle, alors que, quand même voyage professionnel super important, le barbouze se dit "Quelle est mignonne, cette mosquée, avec son minaret tout pointu." Puis s’adressant à son chéri (habibi) local : « Tu me prendrais pas devant ? Cela ne serait-il pas divin ? »
Crédible, non ?
Y’a aussi le problème Walid Jumblatt sur la photo de classe de remise des trophées. Que vient foutre notre Druze dans ce pataquès? Certes, l’homme et son clan maintiennent de très bonnes relations avec les Français. Surtout, il faut bien l’avouer, dès qu’il s’agit d’un coup tordu (dans le genre, sa récente dénonciation d'un réseau clandestin téléphonique, tenu par le Hezbollah, en est aussi un train beau coup tordu. Juste qu'il a pas mesurer l'impact: Jumblatt en train de faire basculer les quartiers de beyrouth, le Liban tout entier, en une guerre de tranchées). Alors le druze en sauveur ? Ou le druze en kidnappeur ?
Ça me rappelle d’ailleurs que mes dernières emmerdes sur les barrages israéliens c’est à un soldat druze que je les dois. Quand je vous dis qu'avec les druzes faut avoir une logique paranoïaque.
Alors, à défaut de n'y rien comprendre, j’écoute Dalida, (mal) chanter en Egyptien, au casque, depuis que des tirs de Kala ont raisonné, il y a une heure dans les alentours de mon quartier. Des tirs en l’air, rassurez-vous, sans doute lancés au ciel pour fêter quelque chose. Cela a fait « boum-touffe. »
C’est à cela qu’on reconnaît que c’est une Kala et que c’est en l’air (même si cela tue tout autant que les tirs horizontaux voire sans doute plus, les balles redescendant quand même sur terre, même quand pourtant on les destine à ce "maniak" de Dieu divin).
Quand j’écris « boum-touffe », c’est qu’il y a comme une petite détonation sourde derrière le tir, même en rafale. Un son léger, un écho, qui permet de se dire que, d’une part, il s’agit d’une Kala (le modèle, là, je sèche) et d’autre part que ce n’est rien. Juste une démonstration de muscles.
« Ces crétins (mais lesquels ?, je ne connais pas assez le Liban pour les reconnaître aux tirs mais je suppose que c’est un coup des « Iraniens », les Hariri devraient, eux, être équipés en M16 américains, dans la "logique des choses"…) fêtent sûrement quelque chose. »
Maîtrisant plus ou moins les fêtes religieuses, faudrait-il que je m’investisse dans les fêtes guerrières ou laïques. On est certes à la veille du 1er mai, mais en quoi la fête du travail doit-elle justifier des tirs ? J’ai beau avoir le siège des Communistes libanais en bas de mon immeuble, je les vois mal mes ahuris commémorer via un si joyeux artifice.
Aurais-je sinon louper quelque autre fête religieuse ? La commémoration d’un Shahid quelconque ? Mais non la fête des Shahids de la presse, c’est pour mardi. Et des journalistes, surtout morts, normalement, ça tire pas.
Une pensée pour Sami Kassir d’En-Nahar, dont j’aimais la pensée.
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