Voyant se déshabiller ma room-mate, ANASTASIA, 21 ans, ronde comme la terre quand elle se décide à porter des fruits multiples, câlins nounours et prières chrétiennes avant de dormir, d'un seul coup, oui, un truc qui me crapahute l'esprit... Un problème d'intégration à Beyrouth, au Liban peut-être, mon premier choc culturel. Voilà.
Attention, le substrat est intense :
Les filles ici portent-elles toutes en permanence des soutiens-gorge armaturés ? Des push-up très exactement ? La nuit comme le jour ?
J'en ai acheté un, en Palestine, de soutif à balconnets propulseurs, faute d'avoir prévu le strict nécessaire lors de mon dernier retour à Jérusalem.
Me voilà désormais en beige satin, « made in China » (inévitablement), 50 shekels (10 euros), sonnant sur les portails de sécurité israéliens because les armatures renforcées.
Oh, l'infini plaisir du soldat à la frontière, à qui j'ai du tendre mon soutien-gorge avec, derrière, quelques Palestoches également intéressés, pour ensuite repasser dans l'appareil à neutrons et jets de lave, censé détecter je ne sais pas quoi sur ma suspecte de personne.
Mais revenons à ma beyrouthine, ANASTASIA donc (c'est à peine croyable, non, ce prénom ? Walt Disney avant l'heure, ici même, au pays merveilleux de l'oncle Hariri), n'enlève jamais le haut pour dormir. Ni le bas d'ailleurs.
Et le bas, mazette, souvent fluo, avec une prédominance de vert pomme, de rose intense ou de rouge primaire, lui remonte, mamamilla, lui remonte... Et bien, je crois bien, précisément, jusqu'à la poitrine. Tous les soirs, la douce ANASTASIA s'enfourne ainsi dans le lit pour dormir, avec, of course, en plus, un pyjama à gros coeurs.
Etonnée - et toujours invraisemblablement journaliste - j'ai testé mon cheptel local : Douze très jeunes Libanaises (sauf moi, older bass comme dit César : « Tu as encore l'esprit jeune. Et puis tes jambes sont musclées, non? » Il vérifie. Il n'est pas très sûr. ça pourrait l'intéresser, en cas d'urgence peut-être, dû moins si la fermeté de mes cuisses s'avérait bien réelle.)
Ici, donc, douze fifilles, la plupart étudiantes, vivotant en commun dans cet appartement d'Achrafiyeh où nous louons toutes, le quartier, Beyrouth elle-même, devenant trop cher.
Résultat de mon enquête : le push-up, toujours vous dis-je, le push-up sur bonnets C/D dans tout le Moyen-Orient.
J'en vois une, au moins, parmi mes copines, qui va me répondre d'un " Ne touche à rien, wouhaou, douze putains de nanas désoeuvrées... J'arrive... " Enfin, elle jouera chouya les dégoûtées, le côté D de la chose (elle aime l'immature et les petits tétons, à peine éclos, que voulez-vous) mais douze nanas tout de même, je la connais, la gueuse, elle ne résistera pas à en faire tomber une de ces toutes jeunes femmes vers le côté obscur des no-straight assumées.
Mais moi, cela ne réglera pas mon problème. Enfin, en même temps, si, peut-être un peu : ANASTASIA honteuse, digérant sa révélation sexuelle, pourrait bien retourner dans le Chouf, après le passage de mon amie, me laissant seule enfin dans la chambre sans plus de nounours et de smack-smack au Christ en croix au moment de dormir...
Mais je m'éloigne de mon sujet.
Voyez-vous, ma grand-mère, à qui je dois tout en matière d'hygiène corporelle, m'a toujours assurée que, au soir venu, il FALLAIT se libérer le mèche-mèche ("l'abricot" donc). Et accessoirement laisser voltiger, libres vers les dieux divins, les étoiles ou les djinns (encore que, les djinns, l'incantation est problématique, il vaut mieux s'en préserver) une poitrine soudain redevenue sauvageonne, un corps à tout le moins libéré de ses apprêts.
Une amie, à qui, déjà, je mailais mes atermoiements érotico-politiques sur la délicate situation du Liban, m'assurait qu'il lui arrivait, à elle aussi, de trouver sa grand-mère, en plein après-midi, en djellabiyya large, préparant le couscous, les seins en "récréation."
Mais bon, cette autre de mes amies est encore, une de ces tounssiyya à la mords-moi le noeud, pied-nouzes vénérés, à qui, peut-être et bien que l'éducation des bonnes soeurs de la Charité soit passée par là, il manque toujours ce vernis civilisateur, si cher à notre Doktor Bush.
Ce qui m'amène à plusieurs questions (pas Bush, le push-up) toutes aussi essentielles dont l'une me paraît primordiale :
La libéralisation de la femme Arabe - ou son nouvel esclavage - se joue-t-il dans le choix du soutinge à effets compressifs ?
Tandis que je matais ma princesse ANASTASIA se pliant aux désirs masculins - les seins bombés vers les hauteurs vertigineuses dans un espoir immense, bien que non encore consommé, d'envolées sismiques -, je me disais qu'ici, au Machrek, plus qu'en Europe ou aux Etats-Unis, nous, autres femmes, servons de souris de laboratoires, de Marilyn littéralement entubées, au renouveau mondial du grand patriarcat.
Et même si le Liban se pense unique, bien loin des autres attardés mentaux de la région, cela reste un putain de pays arabe où le machisme est à ce point intériorisé que les femmes ne se rendent même plus compte qu'elles succombent-là à un énième avatar de la société patriarcale.
En même temps, Croisés de « l'outre monde » (pour reprendre une expression médiévale qui me ravit les doigts sur le clavier) l'Occident, en matière de domination masculine sous couvert de beauté féminine sublimée, se porte bien.
À qui les devons-nous donc nos push-up, un ? Certes ces divines petites choses - censées nous familiariser avec l'oeil vitreux des Don Juan Borsalino sur nos décolletées - sont fabriqués en Chine, mais le design, la gangue, un ?
Dans le genre, c'est plutôt diablement Américain... À l'idoine, je crois, des opérations esthétiques, des nouveaux tenseurs pour se muscler le vagin (et mieux ainsi faire jouir le doudou en resserrant les muscles intimes sur sa queue gonflée. C'était dans « Elle » Liban ou équivalent)... Sauf qu'ici, traversant la mer, le désir masculin s'érige en caricature.
Je n'ai rien contre le fait de resserrer les muscles, leche la, en effet (et puis ça poussera peut-être César à me proposer un verre, un soir, si momken je lui dis que je pratique intense les exercices préconisés par « Elle »), je n'ai même rien contre les push-up mais les scarifications torturantes que certaines Libanaises s'imposent pour mieux coller aux masculins désirables me donnent la chair de poule.
Reluquant les mômes de mon appartement, aux innocentes peluches en même temps qu'au maquillage de vieille maquerelle, je ne puis m'empêcher d'avoir le cœur serré face à ces jeunes femmes dont, in fine, le désir si lancinant ne traduit que la quête du Prince Charmant.
Et puis, je dois bien l'avouer, ma familiarité avec le monde musulman, me pousse à trouver dans la timidité des corps exhibés quelque chose de précieux. Comme si, au moins, la chair dissimulée, voilée (non au sens islamique mais – oserai-je ?- Flaubertien du terme dans Salammbô, wahouh, matez quand même la référence), me paraît bien plus fantasmant, séducteur que toutes ces chairs données, apprêtées, maquillées, déformées. Peut-être est-ce là encore une figuration des masculinités dominantes ?
Alors que faire ? Une manifestation de femmes sur la place des Martyrs, les push-up en même temps que les voiles brandies en étendard d'une saine révolte ? Je le crains, hélas, le public beyrouthin, n'est pas prêt du tout à ce genre de démonstrations même si nous avons eu, il y a peu, une marche de protestation en pyjama des habitants de Gémazeh, quartier ultra-branché de Beyrouth, fatigués – d'où le pyj - de devoir se tasser tous les alcoolos nocturnes du Liban.
(1) Si cependant le push-up vous turlupine encore, lisez donc cet auteur à l'intelligence vive, bien que désormais démodé, et peut-être un rien limite (ses accointances juvéniles avec le Parti populaire syrien) le palestinien Hischam Sharabi sur le renouveau du patriarcat dans les sociétés arabes.
Attention, le substrat est intense :
Les filles ici portent-elles toutes en permanence des soutiens-gorge armaturés ? Des push-up très exactement ? La nuit comme le jour ?
J'en ai acheté un, en Palestine, de soutif à balconnets propulseurs, faute d'avoir prévu le strict nécessaire lors de mon dernier retour à Jérusalem.
Me voilà désormais en beige satin, « made in China » (inévitablement), 50 shekels (10 euros), sonnant sur les portails de sécurité israéliens because les armatures renforcées.
Oh, l'infini plaisir du soldat à la frontière, à qui j'ai du tendre mon soutien-gorge avec, derrière, quelques Palestoches également intéressés, pour ensuite repasser dans l'appareil à neutrons et jets de lave, censé détecter je ne sais pas quoi sur ma suspecte de personne.
Mais revenons à ma beyrouthine, ANASTASIA donc (c'est à peine croyable, non, ce prénom ? Walt Disney avant l'heure, ici même, au pays merveilleux de l'oncle Hariri), n'enlève jamais le haut pour dormir. Ni le bas d'ailleurs.
Et le bas, mazette, souvent fluo, avec une prédominance de vert pomme, de rose intense ou de rouge primaire, lui remonte, mamamilla, lui remonte... Et bien, je crois bien, précisément, jusqu'à la poitrine. Tous les soirs, la douce ANASTASIA s'enfourne ainsi dans le lit pour dormir, avec, of course, en plus, un pyjama à gros coeurs.
Etonnée - et toujours invraisemblablement journaliste - j'ai testé mon cheptel local : Douze très jeunes Libanaises (sauf moi, older bass comme dit César : « Tu as encore l'esprit jeune. Et puis tes jambes sont musclées, non? » Il vérifie. Il n'est pas très sûr. ça pourrait l'intéresser, en cas d'urgence peut-être, dû moins si la fermeté de mes cuisses s'avérait bien réelle.)
Ici, donc, douze fifilles, la plupart étudiantes, vivotant en commun dans cet appartement d'Achrafiyeh où nous louons toutes, le quartier, Beyrouth elle-même, devenant trop cher.
Résultat de mon enquête : le push-up, toujours vous dis-je, le push-up sur bonnets C/D dans tout le Moyen-Orient.
J'en vois une, au moins, parmi mes copines, qui va me répondre d'un " Ne touche à rien, wouhaou, douze putains de nanas désoeuvrées... J'arrive... " Enfin, elle jouera chouya les dégoûtées, le côté D de la chose (elle aime l'immature et les petits tétons, à peine éclos, que voulez-vous) mais douze nanas tout de même, je la connais, la gueuse, elle ne résistera pas à en faire tomber une de ces toutes jeunes femmes vers le côté obscur des no-straight assumées.
Mais moi, cela ne réglera pas mon problème. Enfin, en même temps, si, peut-être un peu : ANASTASIA honteuse, digérant sa révélation sexuelle, pourrait bien retourner dans le Chouf, après le passage de mon amie, me laissant seule enfin dans la chambre sans plus de nounours et de smack-smack au Christ en croix au moment de dormir...
Mais je m'éloigne de mon sujet.
Voyez-vous, ma grand-mère, à qui je dois tout en matière d'hygiène corporelle, m'a toujours assurée que, au soir venu, il FALLAIT se libérer le mèche-mèche ("l'abricot" donc). Et accessoirement laisser voltiger, libres vers les dieux divins, les étoiles ou les djinns (encore que, les djinns, l'incantation est problématique, il vaut mieux s'en préserver) une poitrine soudain redevenue sauvageonne, un corps à tout le moins libéré de ses apprêts.
Une amie, à qui, déjà, je mailais mes atermoiements érotico-politiques sur la délicate situation du Liban, m'assurait qu'il lui arrivait, à elle aussi, de trouver sa grand-mère, en plein après-midi, en djellabiyya large, préparant le couscous, les seins en "récréation."
Mais bon, cette autre de mes amies est encore, une de ces tounssiyya à la mords-moi le noeud, pied-nouzes vénérés, à qui, peut-être et bien que l'éducation des bonnes soeurs de la Charité soit passée par là, il manque toujours ce vernis civilisateur, si cher à notre Doktor Bush.
Ce qui m'amène à plusieurs questions (pas Bush, le push-up) toutes aussi essentielles dont l'une me paraît primordiale :
La libéralisation de la femme Arabe - ou son nouvel esclavage - se joue-t-il dans le choix du soutinge à effets compressifs ?
Tandis que je matais ma princesse ANASTASIA se pliant aux désirs masculins - les seins bombés vers les hauteurs vertigineuses dans un espoir immense, bien que non encore consommé, d'envolées sismiques -, je me disais qu'ici, au Machrek, plus qu'en Europe ou aux Etats-Unis, nous, autres femmes, servons de souris de laboratoires, de Marilyn littéralement entubées, au renouveau mondial du grand patriarcat.
Et même si le Liban se pense unique, bien loin des autres attardés mentaux de la région, cela reste un putain de pays arabe où le machisme est à ce point intériorisé que les femmes ne se rendent même plus compte qu'elles succombent-là à un énième avatar de la société patriarcale.
En même temps, Croisés de « l'outre monde » (pour reprendre une expression médiévale qui me ravit les doigts sur le clavier) l'Occident, en matière de domination masculine sous couvert de beauté féminine sublimée, se porte bien.
À qui les devons-nous donc nos push-up, un ? Certes ces divines petites choses - censées nous familiariser avec l'oeil vitreux des Don Juan Borsalino sur nos décolletées - sont fabriqués en Chine, mais le design, la gangue, un ?
Dans le genre, c'est plutôt diablement Américain... À l'idoine, je crois, des opérations esthétiques, des nouveaux tenseurs pour se muscler le vagin (et mieux ainsi faire jouir le doudou en resserrant les muscles intimes sur sa queue gonflée. C'était dans « Elle » Liban ou équivalent)... Sauf qu'ici, traversant la mer, le désir masculin s'érige en caricature.
Je n'ai rien contre le fait de resserrer les muscles, leche la, en effet (et puis ça poussera peut-être César à me proposer un verre, un soir, si momken je lui dis que je pratique intense les exercices préconisés par « Elle »), je n'ai même rien contre les push-up mais les scarifications torturantes que certaines Libanaises s'imposent pour mieux coller aux masculins désirables me donnent la chair de poule.
Reluquant les mômes de mon appartement, aux innocentes peluches en même temps qu'au maquillage de vieille maquerelle, je ne puis m'empêcher d'avoir le cœur serré face à ces jeunes femmes dont, in fine, le désir si lancinant ne traduit que la quête du Prince Charmant.
Et puis, je dois bien l'avouer, ma familiarité avec le monde musulman, me pousse à trouver dans la timidité des corps exhibés quelque chose de précieux. Comme si, au moins, la chair dissimulée, voilée (non au sens islamique mais – oserai-je ?- Flaubertien du terme dans Salammbô, wahouh, matez quand même la référence), me paraît bien plus fantasmant, séducteur que toutes ces chairs données, apprêtées, maquillées, déformées. Peut-être est-ce là encore une figuration des masculinités dominantes ?
Alors que faire ? Une manifestation de femmes sur la place des Martyrs, les push-up en même temps que les voiles brandies en étendard d'une saine révolte ? Je le crains, hélas, le public beyrouthin, n'est pas prêt du tout à ce genre de démonstrations même si nous avons eu, il y a peu, une marche de protestation en pyjama des habitants de Gémazeh, quartier ultra-branché de Beyrouth, fatigués – d'où le pyj - de devoir se tasser tous les alcoolos nocturnes du Liban.
(1) Si cependant le push-up vous turlupine encore, lisez donc cet auteur à l'intelligence vive, bien que désormais démodé, et peut-être un rien limite (ses accointances juvéniles avec le Parti populaire syrien) le palestinien Hischam Sharabi sur le renouveau du patriarcat dans les sociétés arabes.
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